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Actualité juridique

Clauses de non-débauchage dans les contrats de travail : un piège juridique à éviter pour les employeurs

15 avril 2025

Introduction :
Certaines entreprises, soucieuses de protéger leur effectif et leur savoir-faire, insèrent dans les contrats de travail des clauses interdisant aux salariés de recruter leurs anciens collègues après leur départ. En apparence anodines, ces clauses de non-débauchage sont en réalité illicites lorsqu’elles figurent dans un contrat de travail. Employeurs, attention : une telle clause peut être requalifiée en clause de non-concurrence déguisée, avec des conséquences juridiques sérieuses.

Le cadre juridique applicable :
La clause de non-débauchage est classiquement utilisée entre deux entreprises, dans le cadre de contrats commerciaux ou de partenariats, pour éviter une captation de main-d’œuvre. En revanche, lorsqu’elle est imposée à un salarié dans son contrat de travail, elle est considérée comme limitant sa liberté d’emploi et de travail. Dans ce cas, elle s’apparente à une clause de non-concurrence et doit donc répondre aux critères fixés par la jurisprudence :
Temporalité et territorialité définies
Proportionnalité aux intérêts légitimes de l’entreprise
Contrepartie financière versée au salarié

À défaut, la clause est réputée non écrite.

Analyse de jurisprudence :
La Cour de cassation, dans plusieurs décisions constantes, a rappelé qu’une clause interdisant à un salarié de « démarcher ou recruter des anciens collègues » après la rupture du contrat de travail devait être analysée comme une clause de non-concurrence. À ce titre, l’absence de contrepartie financière ou de limitation précise dans le temps ou l’espace entraîne son invalidité. Par exemple, dans un arrêt du 15 mars 2023 (n°21-19.122), la Cour a annulé une telle clause pour non-respect des critères précités.

Conséquences pratiques pour les employeurs :
Insérer une clause de non-débauchage dans un contrat de travail, sans respecter les conditions d’une clause de non-concurrence, peut non seulement la rendre inopérante, mais aussi fragiliser l’ensemble du contrat. Le salarié pourrait contester la clause, réclamer une indemnité ou même faire reconnaître une entrave à sa liberté professionnelle. De plus, une clause jugée abusive peut nuire à l’image de l’entreprise en cas de contentieux.

Conseil de l’avocat :
Avant de chercher à verrouiller les pratiques de recrutement post-rupture, il est essentiel d’évaluer les risques juridiques. Préférez une clause de non-concurrence licite, dûment encadrée, ou sécurisez la question du débauchage via des accords inter-entreprises. Et surtout, évitez de rédiger des clauses hybrides qui mêlent des interdictions sans cadre précis : elles seront presque toujours sanctionnées. Faites-vous accompagner par un avocat en droit du travail pour auditer vos modèles contractuels.

Références juridiques :
• Article L1121-1 du Code du travail (liberté du travail)
• Cass. soc., 15 mars 2023, n°21-19.122
• Cass. soc., 2 juin 2010, n°08-44.977

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